11 mai 2006

Au fait, Cétépaslajournéede ?

Le calendrier n’échappe pas à la mondialisation.
En ce mois de mai, joli mois du muguet, et... des journées officielles.

Journée du travail (1), de la liberté de la presse (3), des orphelins du sida (7), des huntingtoniens (14), des musées (14), de la métrologie (19), de l’armistice (8), du soleil (3), de l’hypertension (14), des familles (15), de l’asthme (2), des télécommunications (17), des personnes disparues (24), des enfants disparus (25), de la migration des oiseaux (13), de la diversité biologique (22), du pied (11) – oh oui - de l’Europe (9), de l’astronomie (6), de la fibromyalgie (12), de la santé des femmes (28), de la dette (16), de la diversité culturelle (21), de l’Afrique (25), de la débitmétrie (30), du cancer de la peau (18), des Casques bleus (29), de la sage-femme (5), de l’infirmière (12), de la recherche clinique (20), de la Croix-Rouge (8), de la thalassémie (8), de l’autisme (16), journée sans tabac (31), avec Mitteux (10), sans diète (6), fête des mères, fête du rire. Oui, faites-nous rire : dernières en date, la journée de lutte contre l’homophobie (17), et celle pour nous culpabiliser avec l’esclavage (10). Mais ma préférée c’est la journée de la masturbation, vu que j’y suis né.

Signalons pour les retardataires, que le train n’est pas tout à fait complet. Dernières places - à saisir ! - les 4, 23, 26 et 27 mai.

Autrefois patronages et cultes des saints. Le calendrier est devenu pour nos politiciens en mal d’initiatives - ou en trop plein d’échecs politiques - le nouveau terrain à investir, l'agenda parfait, le temporel propagande. Exit le mois de la Sainte-Vierge, les célébrations de la fin de la guerre, du printemps, c’est désormais le mois du Tiers-Monde, des idées socialistes et de toutes les maladies. Parsemé de quelques incongruités...

...aujourd’hui on rit, demain on lutte contre le tabac, ensuite l’asthme, après-demain la diète, et puis les Casques Bleus, faut s’en occuper, tiens, on n’oubliera pas de remercier nos sages-femmes en passant, ni de pleurer nos chers disparus, migrer comme des oiseaux, lire Lacroix rouge, butter le cancer de la photo, et puis oeuvrer pour l’adversité bio-ionique, chanter Afrique-Adieu, se sucer le pied, t’es laid comme un fion, béh oui, l’astrofolie, le tantrisme, la débile-métrie, et la fibre-magique, ça existe, et quand au fait décrètera-t-on le jour officiel de la célakjlémie ?

Dans ce nouveau calendrier droitdelhommien compulsif, on capte l’action citoyenne, on focalise l’attention publique avec des attrapes-mouches, on y fourre tout : les dossiers ministériels sous-budgetés, les malheurs de l'humanité, les causes minoritaires. On éclate les consciences, on bâillonne la charité, on rétablit le veau d’or, ou plutôt les "bonnes causes" d’or.

Un vieux proverbe même pas chinois dit : le mois de mai, de l’année décide la destinée.

C'te bonne blague!

Lorsqu'il n'y aura plus assez de place pour caser nos difficultés d'être sur terre, on découpera la journée en portions : le matin pour la jambe, l'après-midi contre la violence familiale, le soir pour la joue. Il sera dès lors illogique de ficher une bonne raclée avec la main, ou un pied au derrière à qui l'aura mérité. On redécoupera : midi à table contre l'obésité, quatre heures trente contre le malheur des enfants gâtés, pause-café pour les vertus du chocolat, digestif anti-alcoolisme etc. etc.

On sera citoyen du monde, automatisé, privé de tout.

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