05 octobre 2006

l€s Sondag€s

Un mot, parce que j'ai été interrogé il y a peu, par téléphone, par un institut de sondage.
Première fois de ma vie. La donzelle qui lisait péniblement son questionnaire, bon... Mais ses questions étaient lues, comme en 6e. Et sans aucune possibilité de se faire préciser quoi que ce soit, puisqu'écrites - subtilement écrites même, pour nous inciter à répondre de manière non libre et orientée. La seule possibilité fut d'appuyer sur la touche replay, qui, celle-là, a fonctionné admirablement, une fois : la pauvre, j'ai fait ce job moi aussi il y a 10 ans...
Bref, le sondage émanait d'un institut européen dont je n'ai pas retenu le nom puisqu'il m'a été rapidement donné en intro et qu'à vrai dire, la majesté s'imposant à tout Français de la supériorité du Sondage dans le jeu démocratique, oblige à s'incliner sans rechigner, à la seule idée que l'on sera l'un des heureux membres de l'opinion publique française... Pouah !
Bref encore, ledit sondage portait sur l'euro, la monnaie, et accessoirement sur l'endettement de la France (cherchez la femme...).
Entre des questions ultra-pointues qu'un économiste aurait hésité à se poser à lui-même, et des questions lambda attendues depuis longtemps, du type: 'pensez-vous que le passage à l'euro a été une bonne chose ?' ou 'd'après vous, la France est-elle gravement endettée ?' ont été habilement transformées pour que l'on soit à demi satisfait et que l'on réponde, comme voulu, dans l'idée d'une vraie question mais avec une fausse réponse... à côté de la plaque, quoi.
Juste ce qu'il faut pour être dans le panneau. Des questions brêles qui obligent à répondre oui, alors que le problème posé n'est pas le bon, et qu'une répartie : 'autre possibilité' ou : 'ça ne se pose pas comme question, c'est stupide' était seule à envisager. Bah, j'ai plus d'exemples en tête, mais vous auriez tout de suite compris...
Mais le plus curieux a été, qu'à la suite de cette expérience, voilà que, soudain, je me suis moi-même posé des questions:
  • d'abord, pourquoi ne pas mettre de serveur vocal ? Maintenant que les appels sont gratuits chez la totalité des opérateurs (puisque les abonnements forfaitaires), et que les questions sont posées mécaniquement sans pouvoir dire/penser autre chose que oui ou non, pourquoi ne pas mettre un joli timbre de voix avec le fameux 'appuyez sur la touche 1 pour répondre oui' ou bien 'appuyez sur la touche étoile pour réitérer la question'... on aurait ainsi la possibilité de contacter des milliers de Français grâce à un seul robot, et il suffirait juste d'une invite humaine au décrochage du téléphone pour nous présenter en deux minutes l'objet du questionnaire, et recueillir l'assentiment des veaux que l'on met aussitôt sur serveur vocal automatique... Non ?
  • deuxio, comment se fait-il qu'on ne pose jamais, à la fin de tout questionnaire, la question suivante : 'êtes-vous satisfait par ce sondage, par sa formulation, par ses questions ?' en bref, est-ce que d'après vous, vous avez répondu à un bon questionnaire, auquel cas, nos politicos et nos journaleux auraient la spontanéité et l'honnêteté intellectuelle de préciser à la fin de leur speach : 'précisons toutefois que... 80% des personnes interrogées ont trouvé ce questionnaire non-valable et stupide....' ce qui serait, une réponse plus précise aux multiples interrogations qu'ils se posent, les uns comme les autres, sur les préoccupations de leurs concitoyens.

la boîte à idée ? On n'a pas idée !

10 septembre 2006

Google Books : quand les Ricains débarquent en Mittérandie...

Des voix s’élèvent contre le programme lancé par Google de diffusion à grande échelle, de milliers de livres ou parties de livres numérisés, et ce, au détriment de nos petits programmes de scannages nationaux.

Voilà bien de quoi rire.

Quand on songe aux efforts des fonctionnaires de la BnF, imbus de démocratie et soignés par leurs salaires, oeuvrant pour un concept de culture libre et ouverte à tous ! Etonnants petits fonctionnaires soviétoïdes, dirigeant une si noble institution et soudain dépourvus d’argument lorsqu’un journaliste les interroge sur le projet californien. N’ayant plus de mots. Qu’une mine de derniers de la classe. Flouzés par un concurrent plus rapide, et qui plus est, libéral!

Car, si l’on admet qu’avec l’argent intarissable de nos impôts, le projet français Gallica s’avère être une lente, très lente réussite, rien n’est pourtant moins concurrentiel, ni libre de mainmise idéologique qu’un projet culturel ‘officiel’ dans notre belle France d’aujourd’hui : les bastions que sont nos bibliothèques publiques, centres d’archives publics, musées publics, écoles publiques, paralysés par les syndicats d’ultra-gauche, gangrenés par des technocrates post-soixantehuitards, sont là pour nous le rappeler, au besoin.

On voudrait nous faire croire que Google Books est une menace institutionnelle et, bien sûr, idéologique. Cela ne s’invente pas : un petit malin a même sorti, à l’occase, le mot d’eugénisme documentaire. Les picadors du mittérandisme ne savent plus quoi inventer. Parler d’eugénisme documentaire pour ne pas oser simplement prononcer, tenez, le mot de nazisme culturel...

A croire qu’il y a une menace culturelle à trop vouloir numériser et proposer de livres. Car, qui fait le choix, la sélection des ouvrages? Tandis qu’aucun de ces intellos ne soulève le plus petit doigt, pour évoquer la présence écrasante de milliers de sites pornographiques. Tandis qu'aucun n'ose avouer l’intérêt relatif de millions de petites pages perso inutiles. Ou encore, tout simplement, ne désigne tout ce que le Net charrit comme produits et sous-produits culturels... Non, rien à craindre de ce côté-là. Par contre, passer de vieux in-folio poussiéreux sous les rayons d’un scanner... attention : danger !

Le problème de la numérisation des livres se pose, en effet, mais uniquement avec l’édition. Et il faut dire, il se pose de la même façon qu’à la presse celui d’Internet.

Aucun armageddon ne pèse, en vérité, sur les bibliothécaires qui n’ont pas attendu Google pour envisager leur retraite anticipée et dont les établissements, vides ou pleins, fréquentés ou pas, seront financés par nos impôts, quoi qu'il arrive. Les seuls menacés sont les éditeurs de livres, mais seulement ceux qui rééditent des classiques, des livres anciens, c’est-à-dire pas grand monde. Encore faut-il que nos dindons du politiquement correct, sachent ce que rééditer un livre ancien veut dire. N’attendant du passé que ce qui les arrange, les pastèques socialos préfèrent miser sur une offre contemporaine mieux encadrée, plus productive, plus maléable : tu penses !

L’autre vraie question qui se pose, et pour laquelle on nous engage encore sur une piste du type ‘halte au libéralisme sauvage !’ (s'agissant de culture c'est pas mal) c’est ce qu’il y a derrière la machine Google. Quelle est la charte déontologique et commerciale de Google, quel est son but ? Là dessus, pas besoin de chercher trop. On se doute que l’intérêt sera plus commercial que philanthropique, et que derrière encore, on aura à se poser des questions sur la pertinence et la sélection des ouvrages. Mais la concurrence c’est ça. Si t’as rien à proposer de mieux, c’est sûr que t’es perdu d’avance. Et en attendant de gagner, rien ne vous interdit de surfer chaque jour sur un moteur de recherche ultra-puissant, pour pas un rond. Rien ne vous empêche non plus de vous interroger sur la qualité de ce qu’on vous propose.

Mais dans la tête de nos intellos, on fantasme. On craint que la diffusion culturelle puisse être monopolisée, orientée, par une firme, ou par l’Etat américain. On gémit à l'idée qu’elle puisse leur échapper, qu'un fachisme s'installe (et s’ils voyaient le leur ?). Ils ne se rendent pas compte, qu’en exprimant leurs pseudo-phobies culturicides, ils nous révèlent leur angoisses sur des pratiques que nous subissons déjà, puisqu’eux-mêmes nous les imposent. Voyez le sort jeté aux quelques media de droite, que le Pouvoir cherche à noyer. Niant tout principe démocratique. Entre la numérisation par Google, du très-nocif Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la Bibliothèque de Carpentras, et le projet de numérisation du journal l’Humanité par la BnF en tant qu’objectif prioritaire: là c'est sûr, on a le pied dedans.

Quant au vieux débat du Numérique contre le Papier, du bon vieux livre cédant la place à une lecture pixelisée sur écran 19’’ (sans parler du syndicat national des Ophtalmos qu’on a omis de mettre dans la course), il devient évident que cette guerre n’aura pas lieu.

Si la diffusion de l'intégrale de Victor Hugo ou des Fables de la Fontaine, est squattée par des Californiens, alors nos bibliothécaires feraient mieux de songer que, peut-être, numériser les vieux manuscrits qu’ils ont en réserve, les grimoires restés tus depuis des siècles, serait un contre-pied intelligent: cela permettrait d’innover et qui plus est, de préserver et promouvoir notre patrimoine. De ce côté-là, la matière première ne manque pas.

Il aurait donc mieux valu, avant de faire de la propagande autour de Google Books et d’interviewer nos technocrates, ou d’orienter le débat, commencer par lire ce signet de la Bnf ! On aurait su tout de suite de quel monstre il s’agit :

Google Books
Version beta du service de recherche de livres de Google (ex Google Print) qui permet d'effectuer des recherches dans le contenu de livres et de magazines. Pour l'alimenter, les membres du programme adressent leurs livres à Google qui en numérise la couverture, la quatrième de couverture, la table des matières et/ou l'index, la page "copyright" et quelques pages. Les ouvrages libres de droits de plus de 50 ans devraient pouvoir être consultés dans leur intégralité.Cela permet à Google de nourrir son index tout en stimulant les ventes de ses partenaires puisque les utilisateurs de Google Book Search sont incités à acheter les ouvrages proposés par des liens commerciaux menant vers des librairies en ligne.Google Book Search demande parfois aux utilisateurs de s'identifier à l'aide de leur compte "Gmail" pour pouvoir continuer la consultation des pages pour "des raisons de sécurité". L'interface de consultation est ergonomique.Si le projet a une vocation surtout commerciale, l'outil intègre plus de 15 millions d'ouvrages des bibliothèques de Harvard, de Stanford, de l'université du Michigan, d'Oxford et de la New York Public Library.

Et je n'ai pas d'actions à Google.

08 septembre 2006

Moule perlière

En parlant de diffusion culturelle, voici le genre de 'culture' que les rames du métro offrent journellement aux Parisiens :


C’est comment le Sri-Lanka ?
C’est vert
Et le Cameroun ?
C’est comme l’Auvergne, avec des girafes.
(Lauréat du 5e concours de poésie Ratp)

A côté de cestuy-là, au goût du regretté M. Devos...
Allez, on oublie tout, on oublie que ce texte est introuvable, même sur Google machin.
Et on lit. Tout ce que j'aime.
Sans plus de commentaire.


On est fort ému sur nos côtes normandes par les premiers essais qui viennent d’être faits d’une moule perlière. Il suffit, paraît-il, de placer une fausse perle à l’intérieur d’une moule pour que celle-ci, tout aussitôt surexcitée, secrète en quelques semaines une petite perle fort jolie et qui rappelle, à peu de chose près, la perle de l’huître. Ce seraît-là une véritable fortune pour nos pêcheurs normands. Ajoutons même que, dans les ports de guerre, les moules qui ont séjourné sur de vieilles coques en cuivre et qui sont dangereuses pour l’alimentation fournissent une perle dorée du plus bel orient.

A propos de ces moules perlières rappelons une anecdote amusante : lorsque le fait fut communiqué à l’Académie des Sciences, une petite revue provinciale qui s’intitule modestement Le Relèvement de l’élevage avait repris cette information d’une façon véritablement imprévue. Par suite, sans doute, d’une faute de transcription, le rédacteur agricole de cette revue avait compris qu’il s’agissait de poules merlières, et vous voyez d’ici les développements imaginés par ce folliculaire départemental ! D’après lui, la poule merlière, issue d’un judicieux croisement, sifflait comme le merle pour appeler ses petits, ce qui est plus gracieux que le caquettement habituel. Détail plus intéressant encore : elle pouvait siffler le chien de la ferme lorsqu’un renard s’apprêtait à dévaster le poulailler. Mais laissons ces folies et parlons de choses sérieuses.

Toujours à propos de ces moules perlières, il paraît que pour obtenir de bons résultats, la fausse perle provocatrice n’est pas indispensable. Il suffit d’exicter la moule en perçant un tout petit trou dans sa coquille et ces piqûres peuvent se faire très rapidement à la machine. Les moules piqués à la machine sécrètent tout aussitôt de la nacre autour du trou et produisent ainsi de jolies perles. Signalons, toutefois, que certains éleveurs cupides, ayant par trop multiplié les trous, les moules se sont contentées de produire de simples boutons de gilets de flanelle, ce qui est, on l’avouera, une leçon et un exemple.

Il convient de signaler dans le même ordre d’idées, deux inventions nouvelles issues de la moule perlière, plus réelles celles-là que la poule merlière et qui sont appelées, je crois, à faire quelque bruit.

Il s’agit tout d’abord de la poule perlière, utilisée dès maintenant par les pêcheurs normands pour récolter les perles artificielles que l’on développe dans la coquille des moules. En quelques heures, les intelligents gallinacés perchés sur les rochers, se saisissent des perles qu’ils aperçoivent dans les moules entrouvertes et qu’ils prennent naïvement pour de petits grains de mil. On peut ainsi, grâce à ces intelligentes bestioles, recueillir en une matinée des milliers de perles, dont la main de l’homme chercherait vainement à s’emparer au cours de chasses fatigantes et fastidieuses. D’un simple mouvement du bec, la poule pique la perle, l’avale, et il suffit ensuite de laver les sous-produits du poulailler pour que les braves pêcheurs normands recueillent le fruit de leurs peines.

A côté de ces poules perlières véritablement si remarquables, il faut également signaler les utiles services que rendent à la navigation les nouvelles moules perlières placées sur des dangereux récifs. Les marins ont déjà baptisé de ce nom les moules qui, percées de petits trous pour la culture des perles, rendent un son étrange, analogue au sifflement du merle. La moule percée de trous ressemble beaucoup à ce bizarre petit instrument de musique qu’on appelle ocarina.

Lorsque le vent souffle, lorsque la tempête fait rage, les moules percées de trous font entendre un sifflement sauvage qui avertit les navigateurs et écarte leurs nefs des dangereux récifs où elles allaient se briser. C’est ainsi que l’industrie nouvelle de la moule perlière rend de signalés services à l’humanité et l’on peut prévoir que dans un avenir prochain, les moules merlières remplaceront avantageusement les phares et les sirènes actuellement en usage.

Les chasseurs s‘intérèssent, un peu partout, à un nouvel appât qu’annoncent certains catalogues sous ce nom : perles pour lièvres.

Il s’agit d’une petite perle « en imitation » que l’on place dans les clairières et qui évoque par la forme, sinon par la couleur, l’aspect des sous-produits du lapin. Le lièvre, étonné par ces petites boules nacrées qu’il ne connaît pas, s’arrête, regarde, flaire, et rien n’est plus facile que de le tirer à ce moment-là. Notons, à ce propos, qu’il faut bien se garder de confondre la perle pour lièvres avec la moule perlière qui produit les perles moulières et avec les poules merlières dont nous vons parlé plus haut. Il ne faut pas confondre non plus avec les moules merlières imitant l’ocarina et les poules perlières qui évoquent douloureusement le souvenir de la charmante fable Le Coq et la perle et servent, on le sait, en qualité de poules merlières, à rechercher les perles artificielles que l’on cultive dans le moules. Ajoutons, enfin, que la même distinction s’impose avec les nouveaux merles pour lierre utilisés par les agriculteurs pour détruire les lierres qui étouffent les arbrisseaux et que l’on fait passer d’un arbre à l’autre, lorsque leur travail est terminé, en leur lançant des projectiles inoffensifs que l’on appelle les pierres molles pour merles.

Evidemment, à la réflexion, aucune confusion n’est possible, mais un simple ‘lapsus calami’ dans les commandes pourrait entraîner de regrettables erreurs.

Gaston de Pawlowski.

22 juillet 2006

de la jaquette

comme on les aime







20 juillet 2006

Le film, la musique, émoi. Et toi sans musique, bon film ?


Missa pas cinéphile, mais missa dit voussa savoir musicologue missa Goungan. Donc, moi parler bwana de musiques de films.

En attendant que ce blog ne s’achève en pneu, en pissoir, en parfum agrumes : vous saurez tout des films à musique qui m’ont plu. Histoire de rappeler quelques bons titres, quelques bobines de valeur, quelques compositeurs.

Parce que vous le valez bien.




Flash-back numero un. Avec une remarquable Leçon de piano (The piano). Musique inspirée de thèmes écossais dit-on - forcément séculaires, enlevée par Michael Nyman. Faut dire que le piano est un argument de poids, un sumotori, dans le succès de pas mal de films. Voyez du côté des derniers césars, le Pianiste, De battre mon coeur ... et son orchestre.

L’instrument au coeur du film, n’est pourtant pas une garantie de succès : dans De battre mon coeur (quatre mots si snobs) le piano est un char à voile, un rapiéçage de scénar censé récupérer la fadeur des personnages. On l’a dit – mais est-ce vrai ? la musique fait le film, le film ne serait plus grand chose sans la musique.

Dans le dernier des Mohicans (The last of the Mohicans -excusez, je traduis pour les ricains :), d’inspiration (houp-là mes ayeux) irlandaise, de Trevor Jones avec la poursuite finale, le promontoire et le suicide de la môme, les mélodies concentriques : là, vous êtes sur les terres du clan Campbell. Même chose avec Fargo, avec tout ce qui est d'essence celtique. Loin devant les tam-tam et les cris saoûlants d'Afrique.


Plus récemment, le Pont du Roi Saint-Louis, (The Bridge of San Luis Rey), partitionné par l’argentin Lalo Schifrin : curieux mélange de musique classique d'époque classique et de sonorités péruviennes, curieuse histoire d’une BOF plombée par l’échec d'un film qui repose pourtant sur un scénar de grande originalité, tout le reste a foiré : le casting, les dialogues, les scènes, les perspectives, l’intérêt du 'truc'.
Une BOF savamment occultée : à ce point qu’on ne la trouve ni en vente, ni répertoriée sur internet, ni même citée dans la discographie officielle du compositeur – déjà célèbre - qui a pourtant un site qui lui est entièrement dédié. Honte ou injustice ? les deux, bien sûr. Mais la traversée du pont à la centième minute, est un sommet d'émotion que seule une bonne musique pouvait rendre (c'est bien peu pour tout un film, vous me direz).

Saluons le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, - sans être bégueule - de Yann Tiersen, succès populaire mérité. L’accordéon, c’est fait pour ça, mon lapin. On n’y reviendra pas, ni sur les quais de la Marne. Ou plutôt si : rendre à l'accordéon une place de choix dans le paysage musical français, l'assumer.


Philipp Glass compose un chef d’oeuvre dans ‘The Hours’. Un film marquant.

Chaque film que l'on aime est un reflet de notre existence. Parmi tous les films produits, il est probable que chacun trouve un jour celui qui le bouleverse; et puis ça change, car on évolue, on grandit, on sort du piège émotionnel. Beaucoup ont reconnu que la musique portait le film de bout en bout, une musique magnifiquement adaptée à la dramaturgie, grâcieuse et triste, mais dense, l'alternance de deux notes est obsessive, presque limite : mais ça marche.

Pour les soldes d'été, signalons: la Planète des Singes de Tim Burton, mais seulement le générique d’intro, magnifique, le rêve tout en quilles à la vanille du Big Lebowski (Kenny Rogers), Going to Zone dans Metropolis (le jazz New Orleans à la japonaise : qui l'eut cru !), le final de Crash (Stereophonics), la bande-annonce de Lady Vengeance, ou celle de Palais-Royal, juste pour Donna Hightower et le bon vieux tube: ça fait quand même short du 7e art.

Comme si, d'un fromage, on ne mangeait toujours que la croûte...



Passons aux grands : La petite sorcière (Majo no Takkyubin - Kiki’s delivery service) de Joe Hisaishi, MA BOF préférée (pas ma voisine).

Elle aussi introuvable en France : et pourtant tous les morceaux qui composent l’album sont des bijoux, folklo, recréatifs, aboutis, originaux. Zoom sur ce film : 17 ans que cette merveille est cachée aux Français, comme tous les films de Hayao Miyazaki si remarquables. Dessin animé (pardon Manga !) conte de fées, un peu initiatique, un peu tout : Heïdi, la vache et le prisonnier, Tintin... Catapulte vers l'imaginaire, vers le rêve. Avec une mention Très bien pour le doublage en français, pour l'ambiance, le respect des traditions, de la nature, de nos mentalités: décors, modes de vie, aspirations, la Gütiokipänja d’Osono : c’est à se demander comment les Japs savent tout ça, comment ils absorbent notre monde, entrent dans notre imaginaire (ou nous dans le leur ?).

Exit les nippons qui se la jouent artistes à Paris, les cheveux décolorés, nonchalants, le visage inexpressif, le look pourri, marchant comme des mannequins, la mauvaise caricature quoi. Dessin animé où l’héroïne a la naïvité et la fierté de sa jeunesse, pérore, se trompe, va aux chiottes, frôle de vieilles tractions à la Hergé, rencontre des personnages sains, respire le vrai.
Deux mots pour clore rapido : La jeune fille à la perle (Girl with the pearl earing) nous amène un Alexandre Desplat sur un plateau d’or. Un très beau film, à savourer près du feu de cheminée qu'on n'a pas, en hiver.

Le talentueux Mr. Ripley (The talented Mr. Ripley) de Gabriel Yared. Oeuvre musicale pour thriller vachement inspirée de la première adaptation avec Delon, mais quand même, bien renouvelée et redéployée. Tous les schémas sont possibles en somme : soit la musique grandit un film, soit elle l'abaisse (exemple, les Stars Wars : au générique, on n'en veut déjà plus), soit l'empêche de s'envoler, ou de sombrer.

Pour tous ces rares chefs-d’oeuvres donc : merci les artistes. Pour les autres, ceux qui réclament des droits et des salaires sur le macadam et ne se lavent pas les cheveux : qu'ils aillent se faire foutre !!

03 juin 2006

Créer son profil sur un site gay

Bon, récapitulons

D’abord, mettre une ‘pic’ de sa pomme en vacances, puisque c’est, semble-t-il, l’antithèse du cauchemar j’ai nommé : le quotidien. Datée si possible. Décontracte, il faut montrer qu’on aime voyager, partir, se sortir, profiter de la vie, qu’on rêve de destinations pas chères. Valoriser son bronzage, ses pecs, son maillot, son côté relax, farniente. Question d’attitude. S’adapter au décor, fuir l’identité franco-française, stagnante, accessoiriser son image au besoin, sac-à-dos, lunettes noires. Pas de photomaton, pas de cravatte, c’est has-been. Une photo en soirée c’est pour les clowns ou les trouducs, un cliché sur les pavés de Paname, ça fait banlieue. Le Taj-Mahal sera de mise, ou le Québec, la Corse. Le must c’est la Californie. Une pic de soi en accolade avec un ex. (dont le visage est flou), signifie : je sais vivre à deux (enfin... j'ai su). Une pic de soi, torse-nu devant le miroir de la salle de bain ou devant l’ordi avec la webcam, signifie : le sexe est important pour moi. Réseau, technologies : on est moderne, on gère ses rencontres, on ne laisse pas le hasard décider.

- Mettre donc, qu’on aime, qu’on adooooore les voyages, the mot indispensable, celui qui vous bénit des gays, qui vous ouvre au monde, aux gens bien. Une véritable tyrannie. Exception faite du cocooning, qui s'applique aux calins et aux plateaux-repas en amoureux. On précisera un ou deux pays visités, comme à l’école, mais seulement s’ils sont originaux. Exit les séjours à la frontière belge, ou chez les Bisontins. Car le tourisme, c’est l’aventure, une vraie passion (hé oui, on a des passions, nous les gays), il faut sortir du lot. Le casanier est un beauf. Le mec original est celui qui a vu pleins d’aéroports. Qui a une vie agitée mais se plaint de ne pas pouvoir faire ce qu’il veut.

- Le côté sportif. Voilà une valeur sûre. C’est dire qu’on s’entretient physiquement, qu’on continue à plaire. Que non, on ne s'enverra pas des pizzas margheritta une fois en couple, promis. On est sain, volontaire, on a le soin de son corps et de sa santé. Les gays sont très tolérants là-dessus : être sportif, cela va de la muscu intensive dans un Univers Gym, à la balade entre amis une fois par mois, en passant par le vélo du dimanche. C’est surtout dire qu’on n’est pas intello. Car ça, c’est la bête noire des gays. T’es sexy ou pas. Mais ton corps d’abord. C’est primordial. Sinon, soit t'es un activiste d'Act-Up - triste cerveau sur patte -, soit plus probablement t'es informaticien et dans ce cas, seule issue : assumer ton côté ‘bear’, ton ventre, tes poils (même si t’en a pas) et aimer les peluches. On ne remerciera jamais assez les Américains d’être obèses...

- Pour la rencontre, au hit parade des expressions, mettre : ‘sans prise de tête’, ou ‘sans tabou’. Quelqu’un ‘qui sait ce qu’il veut’, ‘pas compliqué’. (Seuls les latinos peuvent revendiquer un côté volubile). Les questions, les problèmes, les doutes on n’en veut pas. On occulte les siens, on les réserve pour les bonnes copines des heures au téléphone, on attend du partenaire qu’il en fasse autant. Les complications sont réservées à la sphère affective uniquement– ce qui donnera mille occases de ruptures. De toute façon, une rencontre, ça commence par du cul. Alors s’il faut se demander comment on va faire, pourquoi.... Le sexe ne s’improvise pas chez les gays, il s’exécute. Il ne se découvre pas, il se récite. Il est sur disquette. On est censé tous le connaître, avoir les mêmes pratiques, arriver au même résultat, mais assouvir. Ainsi : ne jamais dire qu’on n’aime pas les pipes, que caresser des testicules est une chose sans attrait, qu’un sexe n’est pas beau, qu’il courbe vers le haut, que vous trouvez telle pratique ridicule, telle attitude, tel cheveu sur la soupe, ou que le sperme c’est beurk. Impossible. On est tolérant, on accepte tout en matière de sexe, on ne discrimine personne, on ira donc jusqu’au bout avec le sourire :) Comme une pute quoi.

- Glisser un mot sur le partage... évidemment. Oubliez toute notion chrétienne, c’est la valeur palpable, rentable, celle que je te donne et celle que tu me donnes en retour, qui compte. Les sentiments s’échangent comme des biens. On veut recevoir les mêmes choses que l’on donne, et si possible à la même hauteur, c’est l’égalité. L’accord gagnant-gagnant. La relation amoureuse est affaire de commerce: évaluer-donner-prendre. Remplir un estomac, le vider, le vider puis le remplir...

- Pour le descriptif de base : fuir la case religion, donc, ou cocher athée (Trop la honte d’être chrétien) éviter toute allusion politique évidemment, aux valeurs morales, à la famille, à son identité, aux idées de Jean-Marie Le Pen (par contre, les dénigrer, comme un rappel de BCG est un must apprécié). Fréquence sexuelle : une fois par semaine si possible. L’onanisme se pratique à deux, jamais seul. Accepter tout type de relation, c’est pas qu’on ratisse large, c’est juste qu’on ‘s’adapte’ : relation amoureuse, amitié, sexe, plan etc. Politiquement correct, déjà, mais surtout : correctement gay. Remplir la case origine ethnique avec dédain et suspicion. Mais se dire que c’est utile, finalement, pour les autres. Les blacks ne vous intéressent pas, ne le dites jamais, et zappez seulement le pseudo. La Halde ne vise pas encore les consciences, ni les désirs. Le feeling, en dernière solution, sera ton refuge, mec.

- Tiens, le mot ‘mec’ : l’employer vous définit comme sexuellement actif. De même que ‘gaulé’, et ‘bien foutu’, BM ou TBM indiquent que vous avez un sexe au dessus de la moyenne (qui est fixée en France à 16 cm), ne parlez pas de vos fesses, ça fait ‘salope’. Bien que tout le monde aujourd’hui s’intéresse aux fesses de tout le monde, voit-on. Salope d’ailleurs est un comportement sexuel, qui marque un degré supérieur dans l’échelle de la démonstration et de l’envie. Rien à voir avec la fourberie ni la duplicité féminine. ‘Cho’ est son corollaire, en plus viril. ‘Coquin’ peut aller au sens de ‘cochon’, en plus raffiné. Ne pas oublier qu'un sourire sur une pic vous retire un peu du gingseng de la virilité. Les folles sont race à fuir. Les efféminés à maintenir en quarantaine, ainsi que les ‘pas sérieux, rigolos, pervers, sado, crades’ : ‘passez votre chemin’ rappellera volontiers votre écriteau. On ne rigole pas la dessus, la féminité est suspecte chez les autres, excusée chez soi. Et le côté gay-is-safe reprend le dessus. On tolère tout en sexe, mais on dira juste que c’est pas son trip, quand c’est limite.

- Pour le physique, une chose magique : les chiffres. La boite à fantasme. Et qui vous évite, au passage, d’avoir à bûcher sur du vocabulaire descriptif que vous ne connaissez pas. Les chiffres permettent de juger au mieux d’un physique, croit-on : il n’en est rien, c’est comme les sondages, on en tire ce qu’on veut. Le désir prend le relais. Vous pouvez mettre un tas de choses sur vous en mesures diverses, hauteur, largeur, poids, couleur, plus c’est scientifique moins ça fait peur (paradoxe de notre société) : 1m72 seront effacés par les muscles, 45 kilos par des biceps, 15 cm par ce que vous en faites, un gros cul par un bide plat, yeux marrons par un côté bobrun de circonstance, tout est fantasme. Mais au moins vous êtes rassuré car vous avez un chiffre, une donnée fiable, qui ne peut mentir. Allez-y technique. Pour tout le reste, dites « normal » : ça gomme les imperfections.

- Pour la culture, il y a toujours des candidats pour parler de théâtre c’est raffiné, bien qu’on n’y aille quasi jamais, comme la majorité des Français. Mieux vaut cinéma, grand pourvoyeur de culture, mais ne pas trop insister car c’est, somme toute, un loisir commun (tout le monde va au cinoche en France, sauf les pauvres). Reprendre la rubrique loisirs de votre curriculum vitae : vélo, randonnées (attention de ne pas mettre gay-randonneur, ça flirte pique-nique associatif c’est moyen). Incontournable : les restos, entre amis tant qu’à faire, parce que tout seul ou avec le patron, c’est plus un resto. Le resto est tyrannique, il est vrai, mais pas spécifiquement gay. Les amis, dernière ressource : vous en avez, évidemment. Parler des ‘vrais’ signifie que vous en avez peu, car vous êtes lucide. ‘Convivial’ est le mot idoine pour sociable. Vous aimez rire et avez de l’humour (ne parlez pas tout de suite de Muriel Robin). On évitera de dire les choses crûment: qu’on aime picoler, qu’on aime baiser, qu’on aime ronfler. De même qu’envoyer chier ses copains qui sont tous des cons, lourdingues et vous sont dans le fond, étrangers - sujet tabou.

- Côté tempérament, le ‘romantique’ n’a plus la cote, trop fleur-bleue - et puis y a le sida... - bien que les Gays soient tous ‘romantiques’, ou plus exactement sentimentaux, tiraillés entre l’envie d’être aimé et celle de baiser. Des mots comme tendresse, connaître, découvrir, partage, cool, convivial, sincère (la sincérité est indissociable de l'affectif chez les gays, et de fait, un véritable drame), simple, ont bonne allure, mais les aligner tous est signe de superficialité. Les mots ‘vrai’ ‘entier’ ne sont pas à l’ordre du jour, mais le deviendront. Tant qu’à faire. N’intériorisons pas trop...
Enfin, si tout ce conformisme vous pèse, vous étouffe, que vous n'en pouvez déjà plus, rassurez-vous : vous n'en êtes qu'au début !

01 juin 2006

Au pays des...

petites annonces gay


comme dans nul autre pays...

Angelheart. Ca y est, j’y suis, il faut parler de soi. Bon... 38 ans, sportif, bien foutu, bien dans mes baskets je travaille dans l’immobilier et la déco intérieure, j’aime le théâtre les sorties les calins ls soirées entre amis. Je recherche un joli garcon doux tendre sincere honette qui n'est pas egoiste pour relation durable et sans prise de tete.

BernardAstr48 j’aime les voyages, la culture orientale (indienne, arabe, juive...) Suis plutôt sensuel, yoga-méditation, végétarien j’adore les jeux érotiques (dans tous les domaines) Suis passionné par les civilisations anciennes, surtout celles qui incluaient l'érotisme et le sacré dans leurs vies sociales.



Delphine18e. Bonjour, moi je recherche quelqu’un pour construire une relation sérieuse (NDLR tu m’étonnes) d’amitié voire plus, un ami, un confident, un ament C'est Simone de Beauvoir qui disait:"On ne naît pas femme, on le devient". Ce propos, on peut l'appliquer aussi à l'homme. Certains êtres humains ne se reconnaissent pas dans ce schéma. Ce que je déteste : l'avarice, le racisme et l'intolérance, l'exclusion sous toutes ses formes, les machos et les grandes gueules. Que dire d’autre, contact moi, on fera connaissance, si tu veux on peux juste papoter. Que ce soit pour vivre sa féminité ou pour une raison sexuelle peu importe. Moi, je suis travesti et je suis comme je suis,voilà . Alors à bientôt j’espère. Alain.

Ch_jh_cool_régionNord. Salut. J'ai un physique masculin, 172 cm, épaules assez larges, barbu, cheveux moyennement courts. Je sais être à l'écoute de l'autre et faire l'effort de comprendre. Je sais aussi expliquer si nécessaire. Je suis facilement altruiste. Mon style vestimentaire est plutôt classique mais je peux déroger le cas échéant. (NDLR oui svp dérogez) Je suis indépendant financièrement et matériellement (logement, voiture, ....)

Pti_Patok_sympatok. Assez passionné, j'aime m'investir dans ce que je fais et le faire partager aux autres...
J'aime assez rencontrer de nouvelles personnes et apprendre à les connaitre, partager avec eux les choses de la vie...quoi de plus normal en somme.... Sinon j’aime rire, les restos, les voyages. Je cherche un mec équilibré, décontracté, pas efféminé, qui me fasse rire et pas imbu de sa personne. Un mec qui respecte son corps et son hygiène dentaire, qui sait ce qu’il veut. Mon meilleur ami a quatre pattes des poils et une petite truffe, et je l’adore.




Profils désopilants mais authentiquement trouvés sur le Net - sans avoir à chercher longtemps - et laissés tels quels, à un ou deux mots près (et bien sûr, les pseudos qui ont été légèrement changés).

11 mai 2006

Au fait, Cétépaslajournéede ?

Le calendrier n’échappe pas à la mondialisation.
En ce mois de mai, joli mois du muguet, et... des journées officielles.

Journée du travail (1), de la liberté de la presse (3), des orphelins du sida (7), des huntingtoniens (14), des musées (14), de la métrologie (19), de l’armistice (8), du soleil (3), de l’hypertension (14), des familles (15), de l’asthme (2), des télécommunications (17), des personnes disparues (24), des enfants disparus (25), de la migration des oiseaux (13), de la diversité biologique (22), du pied (11) – oh oui - de l’Europe (9), de l’astronomie (6), de la fibromyalgie (12), de la santé des femmes (28), de la dette (16), de la diversité culturelle (21), de l’Afrique (25), de la débitmétrie (30), du cancer de la peau (18), des Casques bleus (29), de la sage-femme (5), de l’infirmière (12), de la recherche clinique (20), de la Croix-Rouge (8), de la thalassémie (8), de l’autisme (16), journée sans tabac (31), avec Mitteux (10), sans diète (6), fête des mères, fête du rire. Oui, faites-nous rire : dernières en date, la journée de lutte contre l’homophobie (17), et celle pour nous culpabiliser avec l’esclavage (10). Mais ma préférée c’est la journée de la masturbation, vu que j’y suis né.

Signalons pour les retardataires, que le train n’est pas tout à fait complet. Dernières places - à saisir ! - les 4, 23, 26 et 27 mai.

Autrefois patronages et cultes des saints. Le calendrier est devenu pour nos politiciens en mal d’initiatives - ou en trop plein d’échecs politiques - le nouveau terrain à investir, l'agenda parfait, le temporel propagande. Exit le mois de la Sainte-Vierge, les célébrations de la fin de la guerre, du printemps, c’est désormais le mois du Tiers-Monde, des idées socialistes et de toutes les maladies. Parsemé de quelques incongruités...

...aujourd’hui on rit, demain on lutte contre le tabac, ensuite l’asthme, après-demain la diète, et puis les Casques Bleus, faut s’en occuper, tiens, on n’oubliera pas de remercier nos sages-femmes en passant, ni de pleurer nos chers disparus, migrer comme des oiseaux, lire Lacroix rouge, butter le cancer de la photo, et puis oeuvrer pour l’adversité bio-ionique, chanter Afrique-Adieu, se sucer le pied, t’es laid comme un fion, béh oui, l’astrofolie, le tantrisme, la débile-métrie, et la fibre-magique, ça existe, et quand au fait décrètera-t-on le jour officiel de la célakjlémie ?

Dans ce nouveau calendrier droitdelhommien compulsif, on capte l’action citoyenne, on focalise l’attention publique avec des attrapes-mouches, on y fourre tout : les dossiers ministériels sous-budgetés, les malheurs de l'humanité, les causes minoritaires. On éclate les consciences, on bâillonne la charité, on rétablit le veau d’or, ou plutôt les "bonnes causes" d’or.

Un vieux proverbe même pas chinois dit : le mois de mai, de l’année décide la destinée.

C'te bonne blague!

Lorsqu'il n'y aura plus assez de place pour caser nos difficultés d'être sur terre, on découpera la journée en portions : le matin pour la jambe, l'après-midi contre la violence familiale, le soir pour la joue. Il sera dès lors illogique de ficher une bonne raclée avec la main, ou un pied au derrière à qui l'aura mérité. On redécoupera : midi à table contre l'obésité, quatre heures trente contre le malheur des enfants gâtés, pause-café pour les vertus du chocolat, digestif anti-alcoolisme etc. etc.

On sera citoyen du monde, automatisé, privé de tout.

01 mai 2006

Embrassez qui vous voudrez...

(Embrassez qui vous voudrez, un film de Michel Blanc, 2002)

Bien sûr, c’est bien filmé, bien scénarisé, bien interprété (et Carole Bouquet n’est pas ‘que’ belle, elle nous éblouit de talent), mais on aimerait dire un peu, avant de faire joujou à la critique, qu’à la base c’est le genre d’adaptation sans inspiration, qui en dit long sur la morale étriquée du monde du cinéma.

Un bon scénar n’a pas forcément de morale, et celle-ci ne doit pas être toujours sauve à la fin. Mais en portant à l’écran ce vaudeville sexuel, magnifiquement réalisé d'ailleurs, autant dire qu’on souhaite parler d’un panel de gens inintéressants et de leur monde étouffant. Qu’on n’en sort pas de cette vision sans cervelle et inconsistante des relations amoureuses.

Difficile en effet de parler de comédie de mœurs quand il n’y a pas de dérision, pas de recul. On part du début, avec un groupe de gens qui ne savent ni aimer, ni vivre, qu’on voudrait prendre pour des humains, et on est à l’arrivée avec les mêmes, ni plus ni moins humains.

Le film a ce paradoxe en effet que, si les interprétations sont toutes excellentes, les plans, les enchainements, et les émotions artistement tissées sur les visages, la nôtre d’émotion n’y est pas. A aucun moment on n’a envie de plaindre ces personnages, ni de les aimer, ni de s’immiscer dans leurs problèmes. Cette fresque d’amours instables, de fantasmes inavoués, le tout présenté par les mêmes, de la même façon, n’innove rien sur ce qu’on a vu depuis des années. Une seule chose : le sexe à l’origine de tout, et comme réponse à tout. Bonjour l'angoisse.

A croire que le réalisateur a décidé de ne pas aller au-delà du fantasme de l’échangisme, et qu’avec ces chassés-croisés, ces quiproquo, ces duplicités d’acteurs, il se soit trompé et ait voulu faire une pièce bouffonne. A croire que, si de tels êtres existent dans la vie, plus faciles à deviner les uns que les autres, immatures, mais cohérents, il soit préférable de ne jamais aller au bout de leur psychologie, au bout de leur logique, de les laisser s’envoyer des vannes à longueur de temps, et avoir toujours raison. Où est l’intérêt ? Où est la distanciation, le regard de l’artiste ? Sans sortie de secours, cette ronde de Français malsains nous frôle, elle ne nous atteint pas. Un peu comme une caricature, mais on ne sait pas de quoi.


Il manque quelque chose, quelque chose de central à ce film.
Quelque chose de vivant.
L’histoire ?

Quand les résumés vous disent : c’est l’histoire de couples à la dérive qui s’emmêlent, on est certes, bien avancé. Quand on ajoutera que c’est une satire, une comédie de mœurs, une critique acide de la vie conjugale, de l’amour fugace, des amours, on s’éloigne de la réalité. Quand Dutronc essaie d’expliquer ce qu’est le désastre d’un mariage décomposé et usé - voilà l’un des propos innovants du film - on a envie de le croire... Mais sa réponse sonne si creux, si commune, qu’elle en est presque ridicule.

Embrassez qui vous voudrez...

Mais a-t-on le choix, un vrai choix ?

09 avril 2006

Mes outils

« - Oh, mes outils ! Mais, vous n’êtes qu’une bande de sales petites voleuses ! Madame Tweedy, Madame Tweedy ! Les poules, j’en ai par dessus la tête !




- Finalement pour une fois, nous sommes d’accord !»

02 avril 2006

Viens je t'emmène... (loin des prods de zik)

Une reprise vient de sortir d’une mélodie connue, le Bateau Blanc. Vous savez ? Viens je t’emmène sur l’océan, viens je t’emmène sur mon bateau blanc. Notez, ça vous dit peut-être pas grand chose, mais c’est l’enfance. On ne sait pas qui, ni quand, mais on n’était pas grand. Ca parle d’océan, de soleil levant, au gré du vent...

Cinq notes, par hasard en appuyant sur la télécommande du char à pubs cathodique, ça fait tilt, le réflexe culturel: ça ‘interpelle’ on en veut, on en redemande de la culture. De qui était cette chanson ? Le doigt sur la touche rouge, on cesse de battre en neige nos synapses, on époussette nos bibelots: pelles-à-tarte, mange-disques, virette-au-pot, papier crépon, sans oublier l’ami Gnafron. Qui chantait ça ? L’anarchoïde Perret, Aufray, l’ami Enrico ? On le connait tous ce refrain.

Faut dire qu’en Chiraquie, c’est rare les mélodies. Cinq notes, ça ne passe pas inaperçu : les maisons de disques l’ont compris. Même si c’est couru, on se le prête quand même. Eh oui, le fric c’est plus très chic : après les impôts, et même avant, côté budget culturel, budget tout court, on est vidé comme une citrouille, on bouffe des haricots. Combien coûte un album, un single d’ailleurs ? On ne sait plus, on n’en veut plus. Grâce à la technologie (celle qui nous a permis de faire sauter l'abonnement téléphonique, vous voyez ?), on préfère l’oncle Sam à nos tatas socialo, dont le dogme était de rendre la culture ‘libre et démocratique’, accessible à tous : sauf qu'il fallait se contenter de la Fête de la Musique, de la Techno Parade, du tam-tam sur le parvis Beaubourg : ta Culture, Jack, on la kiffe, yoh. Mais bon, on préfère quand même l’Enfant et l’Oiseau, et le Bateau blanc... en VO et ça, ça se trouve pas sous le sabot d’un Jacquot, ni dans les sacro-saints bacs de la Fnac.

Bref, cette reprise du Bateau blanc, version poupée, dégradée, c’est l’écoeurement, le sous-produit: Viens je t’em-mèn-e : c'est déjà trop : le reste en boums, échos, sirènes, re-boums. Mais on le savait, on espérait, on se fait prendre à chaque fois.

On repense aux cinq notes, à la mélodie d’antan. On a marché sur la lune. L’original. Là aussi, on veut voir. Roule ma poule. Pour le kitch, la machine à remonter le temps. Le verdict ne se fait pas attendre : Distel. Sacha Distel. On aime ou on n’aime pas. Bon, on n’aime pas. C’est physique. La mode Adamo, c'est moyen.

Passé le cap du chanteur, on écoute la VO. Un cliquetis, des pincements, une gratte. L’effet du contraste peut-être. On redécouvre. On trouve ça pas si mal. On lui reconnaît même une belle voix, à bien l’écouter, Distel. Alors pourquoi chercher plus loin ? Sûr que les paroles sont à chier. Mais on s’emmerde, pardon on s’amende : ce chorus de gibus, cette mélodie de préau, ce 45 tours vieux de 45 ans, mené bon train, on sait gré au compositeur. On l’écoute en boucle.

Tout ça pour dire que le concept de remix (et de reprise) musicalement n’a jamais vu le jour en France, et n’est pas prêt de le voir. Reprendre une chanson, est, et sera toujours, synonyme de pognon. C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, dit-on : en musique ça se dément. De ce côté-ci de l’Atlantique, le vieux pot existe mais la soupe est à chaque fois moins bonne.

Parce que pour nos ‘artistes’ starisés c’est humiliant, de devoir passer après un autre, sans inventer, innover, s’égocentrer : on laisse la besogne aux débutants. D’un autre côté, les boss des firmes musicales ont éclusé presque tous les rayons des années 80, ils tapent maintenant dans les chansons pour enfants. On se demande où est le culturel ? Quant aux rentiers du show-busness et du star-system, ils pleurnichent. Incapable de dénoncer leurs vrais bourreaux.


L'offre n'est pas la même. Ce qu'on propose aux veaux dans les mangeoires de la Fnac est sans mesure comparable à ce qu'on peut découvrir grâce aux échanges entre particuliers. Pourquoi personne ne le dit ? C'est pas parce que certains loadent le dernier tube de Natacha Sans-Pieds, qu'il faut interdire une offre alternative, riche, adaptée. Tout ce qu'on aime ne se trouve pas dans le commerce (notez le mot). Malgré notre florissante industrie du disque (notez toujours). Malgré tous les euros taxés sur les disques vierges (re-notez). Je récapitule : commerce, industrie, taxe : bon sang mais c'est bien sûr ! C'est ça la culture !

Le problème ?

Le problème c'est qu'on n'a jamais mis les bonnes paroles sur la bonne chanson.

Le jour se lève et j'ai très mal dormi
Des images, des visages se bousculent dans ma tête,
Toute la nuit, comme une obsession,
J'ai téléchargé des chansons

Viens je t’emmène sur l’océan
Viens je t’emmène au peer-to-peer
Vers la lumière du partage de fichiers
Viens je t’emmène loin des maisons de disques

Aujourd'hui j'ai seize ans
Je viens de passer mes plus belles vacances
Avec mon logiciel de partage
Demain, c'est la censure, je retourne au néant.

Ce matin j'ai quarante ans
Je les regarde : elles se chargent encore
Nous avons vécu toutes ces années ensemble
Elles sont belles

Le jour se lève et j'ai très mal dormi
Des images se bousculent dans ma tête,
Mais je m'en fous
Heureusement, j'ai compris qu'avoir des mp3
C'est aussi important que des avi.

Viens je t’emmène sur l’océan
Viens je t’emmène au peer-to-peer
Vers la lumière du partage de fichiers

Viens je t’emmène loin des maisons de disques

Petite précision pour les choucas tombés du nid : il n'est pas question de contester le droit que tient tout artiste sur l'exploitation de son oeuvre, mais de dénoncer le marketing culturel, la vénalité de l'art, la commercialisation de l'oeuvre, le salariat des artistes, considérer l'évolution des technologies et rappeler aux bons-pères que la question du téléchargement ne se traite pas seulement en droit romain, ou pingouin, mais en dilettantisme, en connaisseurs; et on rappelera que le cinéma ne se finance pas, hélas, avec le prix de nos petits tickets...

12 mars 2006

J'suis courzyviste aussi

J’suis courtoisiste, avec peu de mots pour le dire.

Cette radio offre le choix de la courtoisie et du bon sens.
La courtoisie est une chose incroyable qui n’avait l’air de rien depuis l'époque de nos rois, qu'on croyait abolie avec la Révolution et les perruques de Madame de Merteuil, et qu’un type courageux a mis en avant comme fer de lance, comme point de ralliement à toutes nos unités et diversités, tous nos accords et divergences de paroles. Un truc à la Z’y-Va-Louis-Quatorze qui donne cependant la clef de l’Unité de la Droite (id est, de la majorité, traduisez de la France). La clef de son salut. Parce qu'on attend tous de la Droite française qu'elle use de cette qualité providentielle. Parce qu’on est tous prêt à s’entendre sur des choses essentielles, avec intelligence et tempérance. Soustraction faite des tarés de l’ultra-gauche évidemment.

Chose incroyable que tous les zombis des Merdia n’espéraient plus dans leur carrière qui existe pourtant, sans eux : une radio qui tient la route, humaniste, vraie et courageuse, variée, insoumise à la loi de la pub, de l’argent, de l’abrutissement hypocrite des masses. En cela, elle tient d'un tour de force, celui du bon sens, pour n'avoir sacrifié ni la forme ni le fond.

Elle me plait, surtout, par sa diversité.

Parler de diversité quand on vous a inculqué telles des oies, que cette radio est la voix d'un parti et que vous continuez à gober tout ce qu'on vous dit : alors oui, un stage à l'écoute de RC s'impose. Diversifiée elle l’est vraiment, parce que, simplement, dans le camp du bon sens et de l’humanisme, il y a toutes sortes de gens. En fait dans ce camp-là, il devrait y avoir TOUS les gens.

Faudrait que les asphyxiés de Gauche se collent ça dans l'artiche, une fois pour toutes : on peut avoir une base de principes forts et indéniables (valeurs chrétiennes, identité, tradition, respect, famille, fidélité, patriotisme tout ça) pour fonder notre vie sociale et familiale, et des variations de détails au particulier. La vie s’en charge dans tous les camps, si besoin. Etre entre ces deux principes, c'est être dans la vie. Non, ça ils comprendront jamais....
Je ne me sens pas mal à l’aise : dire que Radio Courzyvite est une leçon d’humanité. On n'est plus là pour faire du complexe d’identité, ni du relativisme de boutonneux.
Il s'agit d'avoir le courage de dire la vérité.
La vérité n'est pas toujours facile à dire, mais sur cette radio, si.

Enquête sur la Christianophobie

Le XXe siècle est le siècle le plus scandaleux que l’humanité ait connu. Il aurait du être évacué non pas idéologiquement, mais humainement, simplement, depuis bien longtemps par un livre fort et limpide; le voici ce livre, qui ouvre tout grand le siècle où nous sommes. Quand personne n’écoute. Et quand tout restera, empirera.



Ce livre s’est fait attendre.

Et pourtant, il faudrait le poser au seuil de tout débat, de toute discussion sur l'état de notre société. Il faudra, plus prosaïquement, l’envoyer à la gueule de tous ceux qui ont cette démangeaison fatigante de nous rabâcher avec la même jactance, la même rareté d’inspiration, les problèmes - vous savez - de la société qui va mal, du monde d’aujourd’hui, des conflits, des clivages politiques, de l’alter-mondialisme, bla bla bla.

Stylé et charpenté impeccablement, ce bouquin respire la justesse.

L’auteur, on s’en doute, n’a eu que l’embarras du choix pour trouver ses exemples. Aucune réserve, rien qui ne nous arrête jusqu’à la dernière page. Des arrondis d’angle à peine : un jugement tranché et sûr, sans flou, sans doute, sans hasard. Il nous passe au fil du rasoir, équarrit, dépêtre. A dire vrai, c’est pas un livre. C’est plus.
Vous dire de quoi ça parle ? Comment vous dire...

Il y a quelques jours, un informaticien de ma boite, un beau gosse :-) tombe dessus près de mon ordi. Il lit le titre à voix haute, comme s'il attendait de moi une explication. Je lui renvoie un mot, puis deux, une tirade. J’enchaîne quoi. Réflexe commun. J’essaie d’être convaincant, de trouver des arguments sobres, pour trancher dans la réalité, édulcorer cette distance entre le très Grand et le Vulgum. Je lui dis que dans le métro, à la vue de ce simple mot : CHRIST-IA-NO-PHO-BIE, les regards se gênent, s’humidifient, se détournent (c'était à peine exagéré). Comme s’il renvoyait aux mauvaises consciences. Je n’ai pas pris de cours de théâtre, je m'épargne donc le bénéfice d’une pause. Je débite, m’étreins la voix. Mesurant tout ce qu’il reste à dire. J’essuie ma nullité. Car en y repensant quelques heures plus tard, je me dis que je n’avais qu’à dire une phrase : (et je ne connais rien de ce garçon sinon ses magnifiques cravattes) Si tu veux faire une chose de bien dans ta vie, Jean-Philippe, lis ce livre, c’est tout. Comme une ouverture. Mais qui suis-je, pour dire ça ? (dirait ma soeur) Peu importe. Je le répète: si vous voulez être sûr de faire une chose Bien dans votre vie, intellectuellement, et spirituellement j’ajoute, lisez ce livre. Il agira de lui-même, et là-dessus même, vous fera découvrir, un petit peu, de ce que vous avez reçu en grâce de l’Esprit saint.

Je ne le résumerai pas. On pourrait le décliner à chacune de nos expériences.

Que l’auteur nous permette simplement de lui adresser un vivat sincère, tout marginal que nous soyons, car nous avons l’espoir qu’en ayant ainsi, et par la cause qu’il a eu le courage de défendre, gagné sûrement de son paradis, il nous permet d’entrevoir un peu du nôtre en nous montrant si bien où commence l’Enfer.

Du reste, la repentance chrétienne serait mieux là qu’ailleurs. Celle d’avoir laissé tout cela se mettre en œuvre, si facilement. A ce point que les pauses de lecture - une fois n’est pas coutume – ont été bienvenues pour digérer autant d’informations et de faits révoltants.

Une âme trop sensible, avec ce livre entre les mains et un crucifix familial sur l’un des murs de sa chambre, mesurant soudain l’abîme où a été jetée si savamment notre chrétienté, aura un vertige. Celui de voir où a été précipitée, avec elle,
l’Humanité entière.

Prendre conscience de son reflet dans un miroir quand on ignore ce qu’est un miroir, n’est rien à côté de découvrir le visage terrifiant de l’anti-christianisme.

Je n’aime pas l’éloge. Je ne suis ni un exalté ni un bigot, ni un expert en confiture. Mais si je tire mon chapeau, ce soir, pour ce bouquin, c'est qu'il en vaut le coup.

Un livre magistral, instructif, grandiose.
Et sans pudeur de le dire : un de ceux qui forgent une vie.

01 mars 2006

La télé rend homo

Vue la Lettre ouverte d’un médecin à une société malade du Dr Bellaiche, de décembre 2005. Bonne lecture naturellement. Rien que nous n’ignorions. Du vrai bon-sens. C’est un martien – pardon, un gynéco - qui nous parle de pensée unique, de pavlovisme intellectuel, de prêt-à-assimiler, de régression mentale. De pertes de repères, de dé-naturalisation, dé-humanisation, dé-spiritualisation. D’anomalies qui sont la norme aujourd’hui. Didactique simplissime illustrée d’exemples sans prétention. Philosophie d’école, parce que vraie et accessible. Convient parfaitement aux jeunes de 7 à 77 neurones. Manuel à l’usage de tous les invertébrés et gauches plurielles, à tous les Français donc, pour débuter leur cure de désintoxication suivant un programme ‘light’. A tous ceux qui veulent gravir la première marche de leur cerveau, et surtout, surtout quand ils se la jouent « Si la société ne va pas si bien, c’est à cause des politiques »... Le livre fonctionne, non comme un électrochoc ni une révélation, mais comme un patch aux essences, au bon-sens naturel.

Quelques bijoux, simples à comprendre:

« être passéiste aujourd’hui, c’est continuer à croire, comme par le passé, que tout progrès technique ou social représente une avancée pour l’homme ».

« Loin d’être bienveillant envers l’intolérance et le racisme, admettons plutôt qu’il y a des différences entre les ethnies et que chaque minorité a des usages et des traditions qui doivent être respectées. Le raciste est celui qui en déduit des différences de droits. »
(Ouff, si c’est que ça je ne suis pas raciste)

« Ainsi la Morale elle-même est remplacée par la Logique. La Logique pour nos sociétés dites de progrès, c’est l’Egalité, pour tout, pour tous... aussi absurde fût le résultat. Le Bien et le Mal (notions qualitatives) ont été remplacés par l’Egalité et l’Inégalité (notions quantitatives). »
(C’est philo, coco)

« L’homme se conduit ainsi envers la Nature comme un consommateur, très exigeant sur ses droits, volontiers récriminateur auprès du service après-vente, en oubliant totalement les traitements impropres qu’il a fait subir à la marchandise »

Là, on approche de ce qui m’intéresse...

« Aussi quand un jeune garçon, dont la sexualité est encore mal affirmée, regarde un débat télévisé par exemple où un écrivain, un journaliste qu’il a peut-être admiré ou même pris pour modèle, révèle son homosexualité, peut-on être certain qu’il ne sera pas troublé dans ses tendances sexuelles ? Quand il voit des célébrités avouer, comme ça, une expérience homosexuelle, sera-t-il aussi vigilant en face de la proposition d’un inverti ? Nous avons même parfois assisté à des émissions où certains invités faisaient l’apologie de l’homosexualité, du prosélytisme ! Quand on sait les innombrables occasions où de tels événements se sont produits à la télévision, aux millions de jeunes qui y ont assisté pour n’avoir rien fait d’autre que d’être chez eux en famille, la loi des grands nombre donne la certitude mathématique que des adolescents ont ainsi été déviés. »

Oui, c’est mathématique. J’vais vous dire : c’est pour ce passage-là, lucide, novateur, et qui ne dit pas tout de sa richesse, qu’il vaut de l’or ce bouquin. Du pure premium. C’est la notion de modèle moral. D'exemple, d'assimilation, d'absorption ou de frein à notre bien moral. De pollution en l'occurence ou, pour être prudent, d'impreignation morale : il y a beaucoup à creuser de ce côté-là. Sans tomber dans les arguments psycho, ou le dogme bourgeois, merci. Mes oreilles se sont dressées. J’parle pas pour moi, c’est pas de mon expérience qu’il s’agit. Mais ce qui est abordé là, mériterait un peu plus d'explication. Disons-le autrement :

La télé est un vecteur globalement négatif, on le sait, tant qu'on n'y sera pas pré-paré. Bellaiche suggère que l'on mette un bandeau sur les postes de télé, comme sur les paquets de tabac: "Nuit gravement à la santé mentale". Par mesure de santé publique. N'invoquons même pas le principe de précaution.
La télé ramollit les consciences, impose le doute, sur toute chose, sur soi-même, rend non-réactif devant les vraies questions de la vie et c’est surtout le cas, chez les ados, pour ce qui relève de leur identité, leur sexualité (chez les garçons spécialement). La télé fragilise d’abord, puis « modélise ». Elle ? Non pas elle bien sûr. Mais ce qu’on y met. Souvent sans y penser.

Elle met en déroute nos mécanismes d’auto-défense, insuffle à notre inconscient une quantité de nouvelles peurs, justifie les alternatives, pose de nouveaux repères. Parce qu’adolescent, on cherche des pistes, des réponses, des appuis ou des contredits. Peu importe qu’ils soient vrais ou faux. Il faut des réponses. Bien vu docteur.

Une fois le processus d’identification amorcé, difficile de revenir en arrière. Si elle n’est pas « reprise » à temps derrière, par les parents, par l’éducation, par la foi, la télé « agresse » notre propre morale pour finalement la transformer. Irrémédiablement (à cet âge). Pauvre télé, pauvres gamins surtout, qui trinquent pour vous. ‘Modélisés’ par la fiction, l’image, la désinformation ou le vice. Suffisait de le dire, mais cela a été déjà maintes fois dit. Je n’innove pas. Mais de rapprocher cela de l’homosexualité qui est présentée de nos jours, ni plus ni moins, comme un exemple apparemment abouti et réussi que d'autres principes moraux existent, ou à défaut de principes, qu'il existe autre chose que notre morale dite 'traditionnelle' usée, vieillie.

Ce qu’il y a de sûr, comme dit Arthur, c’est qu’on est tous des ‘Enfants de la télé’. Les cartes sont maintenant posées, le rapprochement est fait. On attend avec impatience donc le tome II.

26 février 2006

13 février 2006

Saint-Palenmain

Demain, Saint-Mâlenpoing, Saint-Calotin, Saint-Falempin, on arbore le deuil.
Pour tous ceux qui, lorsqu'ils étaient dans leur berceau, ont eu, en plus du passage de la bonne fée avec son sac de prénoms Bruno, Rémy, ou Arnaud et en souvenir du pépé poilu Marcel, Robert ou André, la chétive fée Frustrette, débile des familles, qu'on a laissé solennellement prononcer, sans savoir de quoi il retournait : "moi ze te donne pour zoli prénom : Catherinette" je compatis.
On ferme les volets.
C'est pas leur jour.
ps: vivre dans un dessin de Jacques Faizant, ça vous branche?

09 février 2006

J'suis courtoisiste


J'suis courtoisiste tendance Reichmanien (un faible pour le sieur Reichman très courtoisiste), Ferréiste (courtoisiste le Père), Hamich-aussiste, courtoisiste quoi.

Paucardien plus que Bé-sketch (celui-là m'agâce, l'é con quand il insiste, mais bon... son bistrot a l’air bien fréquenté et les gueulards, finalement j’aime bien) Dr Plantey, Gofman, Lugan, Urrien, les artisans, les partisants, les résistants, les bienfaisants; les autres, tous les autres, historiennes et historiens. Je laisserais le domaine à Pau-é-sy (?) où j’entrave rien. Mais c'est culturel, ça fait du bien. C'est le simple bon sens, vérités, analyses.

J’en passe : parce que mon patron a besoin de moi le reste du temps.
J'suis courtoisiste, un peu tout le temps.