16 novembre 2005

Francophonie : les gays n'ont rien compris

Le cocooning devant PinkTv, c’est out, je squeeze. Sauf pour la Gay-Pride, la Love Parade ou les Gay Games. J’ai fait mon coming-out : cool, j’ai évité le trash. Avant Paris by night ce week-end, dress code obligatoire, j’étais à l’happy hour, avec un bear top sexy, looké queer, plutôt chubby. Il est fashion, on a chatté people, dans le carré V.I.P. On a eu un feeling. Il m’a dit qu’il était gay friendly, straight, mais open. Il connait la drag-queen du Hot-Café, style strass over-kitch. En fait c'est Jean-Pierre, un old d’Act-Up pas trop clean qui distribue des flyers dans les rave. A force d’être lifté, c’est halloween. Le hard c’est son trip, il a fait un show en live à l’after. Après un strip soft, il a fini sous poppers dans la back-room en joke strap, plan boots et bondage, parce qu’incorpo ça fait remake, c’est has been. Son kif, c’est pas le plan love, mais le direct très hot, bare-back, pas trop safe.

06 novembre 2005

Paris vile lumière (suite)

Economiser l'énergie, c'est ringard; les pubs d'EDF mi-futuristes mi-intérieurs-douillets communiquent différemment : en faisant l'inverse. Elles ne s’adressent qu’aux particuliers, on allume, on illumine, on consomme, car le gaz c'est moins cher, c’est écolo on va le chercher loin dans la mer, c’est beau la mer ; exit le nucléaire (or c’est lui qui nous éclaire), le pétrole arabe qui nous asservit et pollue l’air.

Mais fin octobre, on décale notre organisme d'une heure, pour l'économie justement (1,2 TWh d’éclairage en moins, 130 millions d’euros d’économie, nous disent les énarques, mais cela fait 30 ans qu’on n’en sait rien, puisqu’on n’a jamais essayé de revenir à GMT +1), alors que personne n'en veut plus de ce changement d’heure et qu’il ferait bon d’économiser autrement que sur notre moral et notre santé.

Un monde de têtopodes. D’un côté EDF se réjouit (plus pour longtemps souhaitons-le) en exhibant des merveilles d’éclairages dans ses pubs, de l’autre le Ministère nous impose un changement d’heure nocif pour faire des bénéfs sur le budget Eclairage précisément.

La Sofres ou le Credoc consultent les Français qui sont partagés : les Français sont des veaux, et on sait ce que veut dire un institut de plombage... Ils l’ont lu, les Mamellisés de l’Hexagone, la ligne « Autres prestations : contribution au service public d’électricité » en bas de leur facture ? 4,5 euros extirpés du porte-monnaie tous les 1000 kwh.

Une fois prévenus, les grandes enseignes, les grands bureaux (parisiens mais peut-être qu’à Bordeaux c’est la même tendance) n'auraient qu'à comprendre. Eclairer le pavé c'est suffisant, pour les voitures, pour y voir clair, pour la demoiselle qui rentre chez elle, pour voir la tête du jeune Français qui deale au rez-de-chaussée. Mais dans les étages, il est où le méchant qui se cache, scotché sur les murs, dans les linteaux, la bignole qui fouille dans les comptes du patron ?

Quel gâchis ! On laisserait les monuments historiques c'est tout. J'ai pas dit restriction, ni interdiction de s'éclairer mais mesure de bon sens, anti-gaspillage. Un arrêté du préfet rappellerait sommairement tout cela. Le reste se jugerait au cas par cas (j’aime bien le cas par cas). Des agents (j’ai pas dit la gestapo) pourraient vérifier -le travail de nuit, vous savez- prendre un cliché rapide, dire au responsable du magasin : voilà, ces lumières sur la façade, ces enseignes qui restent allumées, les bureaux qu’on oublie d’éteindre, c’est pour attirer le chaland ? Votre facture tire à combien la nuit ? Ca vous dérange pas ? parce que les habitants, les petits contribuables qui casquent pour vous, si.

05 novembre 2005

Paris vile lumière

Paris « ville Lumière » : on va finir par croire qu’il s’agit d’éclairage.

Le nombre de mégawatts gaspillés, c’est ahurissant.

Les monuments, les grands magasins mais aussi, maintenant : des étages entiers de bureaux, des vitrines chics soi-disant, des commerces, trumeaux, moulures, le moindre hôtel et son chérubin en pierre, tout immole le photon, crache le lux, la facture EDF, tout est absorbé par la rentabilité et le tiroir-caisse, par le prix galopant des chambres d’hôtel, de la baguette à un euro dix, compensé par le chiffre d’affaires, le loyer qui explose, le probloc qui révise, le municipe qui laisse faire... Tout est ampoule, clignotant, diode, phare, chauffage, électricité, ambiance, carte postale pour touriste.
« Paris la nuit ». C’est magnifique, c’est écoeurant.

Depuis des années, le ciel de Paris est clair la nuit comme un plein jour, cela n’étonne personne, et avec la pollution cela fait belle lurette qu’on ne voit plus d’étoiles, qu’on ne sait plus que la nuit, c’est quand il fait noir.
Avant de se coucher, on baisse le store et on tire les rideaux pour que le gris clair ne nous empêche pas de dormir. Pour protéger nos rétines.
Un « clair-obscur » de cinéphile à la con, gorgé d’ampoules et de panneaux colorés, qu’on doit se taper chaque soir. C’est ça Paris. Une cloche immense, un halo brumeux, visible à des dizaines de kilomètres, phosporescent, presque chimique qui vous fait oublier qu’à la campagne, la nuit, il fait noir, tout noir.

Las Vegas, Los Angeles, à force de feuilletons américains, les Français s’imaginent sans doute qu’une ville grande (ah oui : une grande ville) doit être visible depuis l’espace et rivaliser en lampes, projos, éclairages. Et l’écologie, et l’économie, et le gâchis, tout simplement ?
On fait de Paris un musée, un machine à sous, le jour. La nuit : une guirlande, un parc d’attraction.
Les enfants dessinent des poissons carrés, parait-il. Les parisiens, eux, admirent leur nuit blanchâtre.
L’hiver dernier, alors que le thermomètre plongeait à moins 10 degrés, rue de Rivoli, un nouveau magasin de fringues - du genre à exposer 3 bustiers de femme sur 120 m² de vide, le reste en sourires – ouvrait deux immenses portes dilatées, trouant l’immeuble, tandis que des chauffages puissants vous grillaient la tête sur le seuil.
Et puis en face, sur le macadam, une forme enveloppée de crève-la-faim, ça faisait contraste.

Je me suis dit : y a des métiers ingrats, quoi qu’on dise.
Vendeuse dans ce magasin en fait partie.