20 juillet 2006

Le film, la musique, émoi. Et toi sans musique, bon film ?


Missa pas cinéphile, mais missa dit voussa savoir musicologue missa Goungan. Donc, moi parler bwana de musiques de films.

En attendant que ce blog ne s’achève en pneu, en pissoir, en parfum agrumes : vous saurez tout des films à musique qui m’ont plu. Histoire de rappeler quelques bons titres, quelques bobines de valeur, quelques compositeurs.

Parce que vous le valez bien.




Flash-back numero un. Avec une remarquable Leçon de piano (The piano). Musique inspirée de thèmes écossais dit-on - forcément séculaires, enlevée par Michael Nyman. Faut dire que le piano est un argument de poids, un sumotori, dans le succès de pas mal de films. Voyez du côté des derniers césars, le Pianiste, De battre mon coeur ... et son orchestre.

L’instrument au coeur du film, n’est pourtant pas une garantie de succès : dans De battre mon coeur (quatre mots si snobs) le piano est un char à voile, un rapiéçage de scénar censé récupérer la fadeur des personnages. On l’a dit – mais est-ce vrai ? la musique fait le film, le film ne serait plus grand chose sans la musique.

Dans le dernier des Mohicans (The last of the Mohicans -excusez, je traduis pour les ricains :), d’inspiration (houp-là mes ayeux) irlandaise, de Trevor Jones avec la poursuite finale, le promontoire et le suicide de la môme, les mélodies concentriques : là, vous êtes sur les terres du clan Campbell. Même chose avec Fargo, avec tout ce qui est d'essence celtique. Loin devant les tam-tam et les cris saoûlants d'Afrique.


Plus récemment, le Pont du Roi Saint-Louis, (The Bridge of San Luis Rey), partitionné par l’argentin Lalo Schifrin : curieux mélange de musique classique d'époque classique et de sonorités péruviennes, curieuse histoire d’une BOF plombée par l’échec d'un film qui repose pourtant sur un scénar de grande originalité, tout le reste a foiré : le casting, les dialogues, les scènes, les perspectives, l’intérêt du 'truc'.
Une BOF savamment occultée : à ce point qu’on ne la trouve ni en vente, ni répertoriée sur internet, ni même citée dans la discographie officielle du compositeur – déjà célèbre - qui a pourtant un site qui lui est entièrement dédié. Honte ou injustice ? les deux, bien sûr. Mais la traversée du pont à la centième minute, est un sommet d'émotion que seule une bonne musique pouvait rendre (c'est bien peu pour tout un film, vous me direz).

Saluons le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, - sans être bégueule - de Yann Tiersen, succès populaire mérité. L’accordéon, c’est fait pour ça, mon lapin. On n’y reviendra pas, ni sur les quais de la Marne. Ou plutôt si : rendre à l'accordéon une place de choix dans le paysage musical français, l'assumer.


Philipp Glass compose un chef d’oeuvre dans ‘The Hours’. Un film marquant.

Chaque film que l'on aime est un reflet de notre existence. Parmi tous les films produits, il est probable que chacun trouve un jour celui qui le bouleverse; et puis ça change, car on évolue, on grandit, on sort du piège émotionnel. Beaucoup ont reconnu que la musique portait le film de bout en bout, une musique magnifiquement adaptée à la dramaturgie, grâcieuse et triste, mais dense, l'alternance de deux notes est obsessive, presque limite : mais ça marche.

Pour les soldes d'été, signalons: la Planète des Singes de Tim Burton, mais seulement le générique d’intro, magnifique, le rêve tout en quilles à la vanille du Big Lebowski (Kenny Rogers), Going to Zone dans Metropolis (le jazz New Orleans à la japonaise : qui l'eut cru !), le final de Crash (Stereophonics), la bande-annonce de Lady Vengeance, ou celle de Palais-Royal, juste pour Donna Hightower et le bon vieux tube: ça fait quand même short du 7e art.

Comme si, d'un fromage, on ne mangeait toujours que la croûte...



Passons aux grands : La petite sorcière (Majo no Takkyubin - Kiki’s delivery service) de Joe Hisaishi, MA BOF préférée (pas ma voisine).

Elle aussi introuvable en France : et pourtant tous les morceaux qui composent l’album sont des bijoux, folklo, recréatifs, aboutis, originaux. Zoom sur ce film : 17 ans que cette merveille est cachée aux Français, comme tous les films de Hayao Miyazaki si remarquables. Dessin animé (pardon Manga !) conte de fées, un peu initiatique, un peu tout : Heïdi, la vache et le prisonnier, Tintin... Catapulte vers l'imaginaire, vers le rêve. Avec une mention Très bien pour le doublage en français, pour l'ambiance, le respect des traditions, de la nature, de nos mentalités: décors, modes de vie, aspirations, la Gütiokipänja d’Osono : c’est à se demander comment les Japs savent tout ça, comment ils absorbent notre monde, entrent dans notre imaginaire (ou nous dans le leur ?).

Exit les nippons qui se la jouent artistes à Paris, les cheveux décolorés, nonchalants, le visage inexpressif, le look pourri, marchant comme des mannequins, la mauvaise caricature quoi. Dessin animé où l’héroïne a la naïvité et la fierté de sa jeunesse, pérore, se trompe, va aux chiottes, frôle de vieilles tractions à la Hergé, rencontre des personnages sains, respire le vrai.
Deux mots pour clore rapido : La jeune fille à la perle (Girl with the pearl earing) nous amène un Alexandre Desplat sur un plateau d’or. Un très beau film, à savourer près du feu de cheminée qu'on n'a pas, en hiver.

Le talentueux Mr. Ripley (The talented Mr. Ripley) de Gabriel Yared. Oeuvre musicale pour thriller vachement inspirée de la première adaptation avec Delon, mais quand même, bien renouvelée et redéployée. Tous les schémas sont possibles en somme : soit la musique grandit un film, soit elle l'abaisse (exemple, les Stars Wars : au générique, on n'en veut déjà plus), soit l'empêche de s'envoler, ou de sombrer.

Pour tous ces rares chefs-d’oeuvres donc : merci les artistes. Pour les autres, ceux qui réclament des droits et des salaires sur le macadam et ne se lavent pas les cheveux : qu'ils aillent se faire foutre !!

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